J’apprenais il y a deux jours que les Cégeps en région souffrent davantage de coupes budgétaires en éducation.

Suis-je surprise? Non, pas vraiment. Je suis plutôt contente que les médias en parlent et dénoncent cette situation.
Il semble qu’une des raisons pour lesquels les Cégeps régionaux sont plus affectés que les autres est qu’il s’avère plus difficile d’y faire des économies d’échelle. La fréquentation est plus petite dans un petit établissement, cela va de soi. Mais le rôle des Cégeps dans leur communauté est vraiment important en région, peu importe sa taille.  Il faut le souligner.
En effet, les centres de formation professionnelle, collégiale ou universitaire sont des atouts majeurs de développement économique et social des milieux. Ils forment de la main-d’oeuvre pour les employeurs, soutiennent l’entrepreneuriat, offrent des solutions innovantes, accueillent des immigrants, concertent les acteurs du milieu, proposent des activités culturelles et sociales et abritent des infrastructures de loisirs.
De plus, le réseau des Cégeps permet aux jeunes en quête d’une carrière de choisir le lieu de leurs études, qui s’avère souvent être le lieu de leur futur établissement. Les Cégeps en région sont très importants pour la vitalité, la diversité et l’économie des régions.

Le président de la Fédération étudiante du Québec, Antoine Côté, a mis de l’avant une solution à la baisse de fréquentation des Cégeps en régions, celle d’un programme de mobilité collégiale. « L’étudiant de Montréal ou Québec pourrait vivre quelque chose de nouveau, un peu comme un échange international ou un échange avec le Canada anglais. Ça permettrait aussi à ces jeunes de découvrir le territoire », pouvait-on lire dans l’article de Radio-Canada.

Je suis en accord avec lui. Le programme national de mobilité collégiale, qui permettrait à un étudiant de faire quelques sessions dans un autre cégep du réseau, apparait comme un bon plan, même si l’idéal serait une formation complète, pas partielle. L’expérience que l’on peut acquérir dans un lieu autre que celui où on a grandi est précieuse, de surcroit si elle est en région pour un citadin et en ville pour un rural: elle fait changer la perspective du monde, ce qui est très formateur. Fait vécu!
Mais une partie en moi trouve complètement absurde de comparer des études en région au Québec avec un voyage à l’étranger.
Pour convaincre les citadins de venir en région, il faut leur vendre l’idée qu’ils vivraient “quelque chose” comme un échange international? Notre propre province nous est aussi étrangère qu’un autre pays? Et les ruraux sont quoi dans cette analogie, des étrangers? Wow.
Je ne suis pas en train de dire que c’est une mauvaise comparaison. C’est peut-être une bonne façon de « vendre » le produit. Peut-être qu’il y a eu des études de marché et que marketingment parlant, ça gagne des points. Peut-être que ça colle avec les besoins urbains et que les résultats en bout ligne seront là: plus d’inscriptions. Je comprends. Mais ça m’a fait tout un choc de le lire et je trouve ça dangereux.
Bien que le programme de mobilité se compare à un échange international dans sa structure, je trouve que de pousser la comparaison quant à l’expérience de vie va un peu trop loin.
Est-ce vraiment ce que l’on veut envoyer comme message aux citadins intéressés à venir chez nous pour étudier ou vivre? Est-ce qu’on va vraiment mettre en compétition un stage en France et un en Gaspésie, qui n’ont pas du tout les mêmes objectifs? Est-ce que ça contribue réellement à faire tomber les idées préconçues sur la vie rurale? Ma réponse à moi est non, ça fait même tout le contraire, ça agrandit le fossé, ça consolide des préjugés tenaces, comme l’éloignement et la différence.
Il doit bien y avoir un moyen de promouvoir la découverte d’une région, l’expérience à l’extérieur de chez soi et la vie en milieux peu ou moins urbanisés au Québec autrement. Je préfèrerais parler des études en région en expliquant la néoruralité ou nouvelle ruralité: branchée sur le web, modernisée, ouverte sur le monde, près de la nature, solidaire et accueillante. Ce sont, à mon avis, des atouts tangibles non-négligeables qui peuvent faire “vendre” nos régions.
Bref, outre l’expérience “exotique”, vous savez qu’il existe plusieurs autres raisons d’étudier en région. Le coût de la vie plus bas, la proximité avec la nature et  l’accès à des programmes moins contingentés en font partie. Toutes les raisons ont déjà été nommées sur le blogue.
À tous les étudiants: bon succès dans vos études!

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