Je vous avais préparé un beau billet tout en poésie sur notre force entrepreneuriale, mais je tue ma une. La poésie attendra. Pourquoi? Coup sur coup, la même journée, le Journal de Montréal et La Presse nous ont gratifiés de rares «une» sur nous, sur notre réalité. Et devinez quoi? Ça nous dépeint comme un pauvre monde en déclin. Si vous ne l’avez pas déjà fait, je vous invite à lire ces articles, et surtout, les commentaires des lecteurs. C’est fait? Alors voilà, maintenant, vous comprenez qu’il n’y a rien à faire avec nos villages. Aussi bien les fermer. Ils n’en finissent plus de décliner.

Alors vidons la, cette question du déclin.

Y a-t-il des villages qui ont connu un fort déclin démographique depuis les années 50? La réponse? Oui! Et de façon très, très marquée. Rappelons-nous que c’était la glorieuse époque des familles de 12 enfants. Non, les milieux ruraux ne pouvaient fournir des emplois à tout ce beau monde. Oui, les villes, avec leurs « shops » qui ne fournissaient pas à fabriquer des chaussures, des vêtements et des autos pour ces familles-là pouvaient, elles, fournir des emplois à tout le monde.

déclinY a-t-il eu un exode des jeunes dans les années 90? La réponse, c’est clairement oui. La mondialisation est arrivée dans nos vies. Les entreprises, qui se compétitionnaient entre elles, se sont retrouvées avec des rivaux mondiaux. Elles ont donné un grand coup : elles ont concentré leurs activités, automatisé, délocalisé, rationalisé pour être davantage compétitives. Les régions ont lourdement payé le prix de ces décisions qui se sont traduites en pertes d’usines et en pertes d’emplois.

Maintenant, aujourd’hui, est-ce que tous les villages du Québec connaissent un grave déclin démographique? La réponse, clairement, c’est non.

Les bilans migratoires des régions se sont, de façon globale, beaucoup améliorés. La population rurale a crû de 15% entre 1981 et 2011. Par contre, les MRC à caractère 100% rural des régions dites ressources ont connu une décroissance de 5,75%. Le jeu démographique n’est pas encore gagné; on ne peut pas se permettre de crier victoire, mais nous pouvons tout de même être fiers de nos avancées! Économiques aussi. Selon le Conference Board, nous contribuons à hauteur de 30% au PIB du Québec.

Est-ce que tous les villages du Québec sont dévitalisés, mourants, dépourvus de tout service, peuplés de trois enfants et d’un tas de personnes âgées? La réponse, clairement, c’est non.

Mettons-y un peu de perspective. Il y a, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud, 1 110 municipalités. De ce nombre, il y en a 150 qui sont considérées comme étant dévitalisées, soit 13,5%. Leur nombre est en baisse; elles étaient 200 en 2000. Cette dénomination de « dévitalisée » repose sur un certain nombre de critères, dont la présence de services de proximité et l’âge des résidants. Ces municipalités-là existent et ont de grands défis à relever. Et parfois, elles réussissent à les relever.

La documentation à ce sujet est probante. Larouche : un village qui ne comptait plus que trente emplois, traversé par un gazoduc et un chemin de fer qui rendaient le village affreux, aux yeux des résidants. Jusqu’à ce qu’on y voit une opportunité d’installer un parc industriel à leur jonction. On y compte aujourd’hui 300 emplois. Saint-Camille, le village qui ne voulait pas mourir; le P’tit Bonheur et le Rang 13 plus tard, les choses vont mieux. Lac-Édouard, qui a eu le culot d’offrir un enseignement aux cinq enfants du village et qui, s’il n’est pas encore sorti du bois, peut espérer avec l’arrivée d’investisseurs qui ont racheté le sanatorium de l’endroit. St-Joachim-de-Shefford, qui risquait de perdre son école. Leur réplique : une école primaire internationale. Ils ont connu un boom domiciliaire. St-Élie-de-Caxton, un village en déclin jusqu’à l’arrivée d’un certain Fred Pellerin. Ces 50 municipalités qui sont passées de dévitalisées à revitalisées ont toutes leur histoire.

Nous, les ruraux, avons du Gaulois dans le sang.

Alors, la ruralité décline-t-elle? Globalement, la réponse, c’est non. Ce qui semble décliner sans que personne ne s’en émeuve par contre, c’est la diversité et la qualité de l’information au Québec. Pour bien comprendre les enjeux de notre société, on a besoin de nuances, de perspectives différentes, de données. Le déclin de la qualité d’information…

À quand une «Une» là-dessus?

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