La chronique de Michel Vachon du 6 mars intitulée « L’euthanasie des villages » est poignante de vérité et ne peut nous laisser indifférents. Prenant pour cas illustratif le village de St-Alexis-de-Matapédia, le texte expose « les difficultés des villages confrontés au dépeuplement, à l’effritement de leur base économique traditionnelle et conséquemment à la  diminution graduelle des services. Plus spécifiquement, au cours des 25 dernières années, le village de St-Alexis-de-Matapédia a vu successivement fermer, un de ses deux dépanneurs, l’hôtel/bar, le restaurant, la ferronnerie, le magasin de vêtements et dernièrement son école primaire. D’autre part l’église n’est ouverte qu’occasionnellement (prêtre itinérant), on n’a plus les moyens d’opérer la salle culturelle et le bureau de poste est aussi menacé de fermeture. » Un bilan désolant qui pourrait faire croire en la chronique d’une mort annoncée.

Or, il n’y a pas de fatalité au déclin et à l’extinction d’un village. Le processus de dévitalisation peut être stoppé et remplacé par un dynamisme nouveau, ce dont témoignent plusieurs exemples à travers le Québec et ailleurs.

Trois groupes de facteurs sont à l’origine de ce nouveau dynamisme :

 

1. le débordement de la vitalité économique et démographique du réseau urbain sur l’hinterland rural, souvent conjugué à l’aggravation des dysfonctionnements des grands centres qui incite plusieurs résidents au choix de la vie rurale.

2. Les effets positifs d’évolutions économiques, sociales et technologiques qui confèrent une attractivité nouvelle à certains territoires ruraux;

3. La prise en charge locale du développement par les forces vives du milieu fondée sur des initiatives innovantes. Ces trois catégories de facteurs peuvent se combiner selon des proportions variables pour renverser un processus de dévitalisation rurale.

Pour plusieurs villages du Québec qui vivent une situation d’isolement ou d’enclavement géographique, comme c’est le cas à St-Alexis-de-Matapédia, les deux premières catégories de facteurs ont peu d’incidence. Le succès d’une entreprise de revitalisation reposera ici fondamentalement sur une démarche de développement local (endogène) : mise en valeur des ressources du milieu, leadership, projets innovants, appartenance forte à sa communauté, coopération, solidarité.

« Il n’y a pas de village sans avenir, il n’y a que des villages sans projets. »  François Plassard

L’approche du développement local est implantée et mise en œuvre au Québec depuis le milieu des années 80, notamment dans le cadre des Sociétés d’aide au développement des collectivités (programme fédéral), des Centres locaux de développement (programme provincial) et des pactes ruraux (Politique nationale de la ruralité). Au-delà des structures et des aides financières, la philosophie, les principes et les méthodes de cette démarche ont été appliqués par des hommes et des femmes de cœur et de conviction et ont conduit à des résultats probants dans plusieurs cas.

Les exemples suivants procurent des enseignements stimulants :

1. La Contrée en montagne dans Bellechasse

« Par le biais d’une gouvernance territoriale partagée, 4 municipalités dévitalisées ont fait le choix de se développer ensemble tout en respectant leurs couleurs locales et en valorisant leur culture rurale dans un cadre de développement durable.

Un projet novateur au Québec puisqu’il demande un changement de mentalité majeur dont la clé est la préoccupation du développement des municipalités voisines pour le bien collectif.

Le défi majeur : abaisser les guerres de clocher pour se compléter et s’entraider plutôt que se concurrencer! »

www.contreebellechasse.com

www.contreebellechasse.com/documentation.html

 

 

2. Le Parc régional du Haut-Pays de Kamouraska.

 « Le Parc régional du Haut-Pays de Kamouraska propose de mettre en valeur l’ensemble des potentiels d’activités touristiques mais aussi de jeter un regard sur la mise en valeur des autres ressources, incluant le développement et l’innovation dans les secteurs forestier, énergétique et culturel. L’argument phare demeure bien entendu de jeter les bases structurantes d’un nouveau développement socioéconomique en faveur d’entreprises, d’organisations et de résidents des municipalités du Haut-Pays.

Le but du Parc, c’est de structurer les sept municipalités du haut pays du Kamouraska dans un grand projet commun pour développer l’ensemble du territoire. »

Les municipalités sont appelées à travailler sur des projets de développement qui s’articuleront autour de cinq axes, soit le récréotourisme, l’agroalimentaire, l’énergie, la forêt ainsi que la culture et le patrimoine. »

www.mrckamouraska.com/documentation.php?s=12

www.mrckamouraska.com/documentation/Charte_territoriale_11-2011.pdf