Parmi les néoruraux, ces ex-citadins qui font le choix de s’établir à la campagne, plusieurs ont un projet lié à l’agriculture. Il s’agit, pour la grande majorité d’entre eux, d’une activité agricole qui s’inscrit dans un projet familial et qui répond à des objectifs de mode de vie tout en procurant un apport significatif à l’alimentation de la famille et/ou un revenu d’appoint.

La pratique agricole chez les néoruraux est extrêmement diversifiée tant dans le domaine de l’élevage que celui des cultures : chèvres, moutons, alpaguas, ânes, bisons, cerfs…, potagers, cultures maraîchères, fines herbes, petits fruits, plantes aromatiques et médicinales, vergers, vignobles, céréales, horticulture…, en passant par la pêche et la sylviculture.

À cette diversité de production s’ajoute une diversité de transformations à la ferme : fromages, cidres, vins, liqueurs, confitures, paniers de légumes, saucissons, condiments, mets empaquetés sous vide, savons et autres produits artisanaux. Autre dimension non négligeable, les méthodes de production biologique ou de « culture raisonnée » sont très présentes chez les producteurs néoruraux.

Cette pluriactivité en agriculture, souvent conduite à temps partiel, ne peut être négligée car elle contribue à l’effort national de diversification et d’autosuffisance agroalimentaire, tout en favorisant la mise en valeur des sols à potentiel agricole et l’occupation des espaces ruraux. C’est un aspect de l’agriculture familiale qui reçoit une attention particulière dans plusieurs pays[1].

Ainsi, on ne s’étonnera pas que les Nations unies aient proclamé 2014 Année internationale de l’agriculture familiale[2], dans le but de valoriser ce mode de production en tant que « modèle utile à la société, économiquement viable et environnementalement durable, et le renforcer sous toutes ses facettes ».

Mais qu’entend-on par agriculture familiale et pluriactivité en agriculture?

Il n’y a aucune définition précise et unique de l’agriculture familiale en termes de superficie, d’activités qui y sont pratiquées et de mode de gestion. Elle répond toutefois à un certain nombre de caractéristiques : ces agriculteurs et leurs familles exécutent généralement eux-mêmes l’ensemble des tâches liées à l’exploitation, en tirent la majeure partie, sinon une partie significative, de leurs revenus et vivent à la ferme ou tout près de celle-ci.

Les exploitations familiales présentent également un visage très contrasté en termes de diversité des activités conduites (pluriactivité à l’inverse de la spécialisation) et de ressources investies, mais aussi de degré d’intégration au marché, de compétitivité et de main-d’œuvre employée.

Compte tenu de ces caractéristiques, les exploitations familiales couvrent environ 69% des terres agricoles des 28 pays membres de l’Union européenne et leur taille moyenne est de 10 hectares. À titre de comparaison, les exploitations constituées en société sont en moyenne 15 fois plus grande (152 ha.). Rien d’étonnant donc, à ce que les fermes familiales soient associées à de petites entités -bien que non exclusivement.

La ferme familiale joue un rôle capital dans la vitalité de l’économie et du dynamisme social des communautés rurales.

Flexibilité à l’innovation

Les fermes familiales font généralement preuve de résilience plus grande que les grandes entreprises agricoles, car elles sont plus souples et davantage disposées à adapter leurs méthodes de production aux conditions et tendances externes. Ainsi, elles adhéreront plus spontanément aux principes de l’agriculture biologique, s’orienteront vers des productions de spécialité à haute valeur ajoutée et s’inscriront dans des circuits courts d’approvisionnement.

Les petites et moyennes exploitations sont propices à une alimentation de qualité, aux marchés de proximité et accessibles pour des projets d’installation de jeunes. Elles représentent un volet complémentaire en quelque sorte à l’agriculture industrielle dont les pratiques constituent bien souvent des menaces à l’environnement, et la forte mécanisation un appauvrissement des communautés locales en terme de perte d’emplois.

Une politique agricole adaptée aux conditions actuelles, adoptera des mesures pour encourager le maintien et le développement de la petite agriculture.

 

[1] Voir la Revue rurale de l’Union européenne, no.17 fr consacré à L’agriculture familiale, Hiver 2013, et le document De l’agriculture à temps partie au ménage pluriactif : portrait des modes d’insertion en agriculture au Québec, http://www.mapaq.gouv.qc.ca/SiteCollectionDocuments/Recherche_Innovation/Fichedetransfert_505047.pdf

[2] http://www.fao.org/family-farming-2014/home/fr/