imagesÀ chaque année, quand octobre arrive, on commence à entendre parler de deuil périnatal. À chaque année, quand octobre arrive, je replonge dans le passé. À chaque année, quand octobre arrive, j’essaie de faire ma part pour briser le tabou, pour faire en sorte que le deuil périnatal soit connu et que les parents qui le vivent se sentent acceptés dans leur peine et leur douleur.

Je suis une vieille endeuillée. Mon 1er deuil, je l’ai vécue il y a 12 ans, 4 mois et 29 jours. Un beau jour de mai, j’allais faire la 1ere rencontre de mon bébé. J’allais voir sur un petit écran si une petite fille ou un petit garçon se cachait dans cette belle bedaine qui prenait tant de place. Je partais le cœur léger et innocent ….

J’ai perdu mon innocence quelques heures plus tard. On ne m’a pas dit si c’était une fille ou un garçon mais on m’a dit que cet enfant avait une très grave malformation et qu’il ne verrait jamais le soleil. On m’a dit que cette belle aventure se terminerait tout bonnement le lendemain… Que je devais retourner chez moi avec ma peine et mon désarroi et qu’on m’attendrait le lendemain matin avec mes bagages et mon cœur en miettes pour que j’accouche de ce petit être que j’espérais tant…. Que cet enfant pour qui j’avais pleins de rêves ne pourrait jamais les réaliser.

Le lendemain, tel que prévu, je suis arrivée à l’hôpital. Ma valise sous le bras, j’allais affronter le pire cauchemar qu’une mère puisse vivre. Celui de donner la mort à son enfant au lieu de lui donner la vie.

Les gens ne sont pas conscients de ce que ça implique. Personne ne pose la question. Personne ne veut savoir. Trop dure, trop malaisant. On ne doit pas parler de ce qui peut faire mal, de ce qui nous demande de seulement écouter sans avoir de réponse. Je vais vous l’expliquer…. Parce qu’ici, vous aller pouvoir lire, comprendre et apprendre sans avoir à regarder celle qui explique, celle qui pleure, celle qui a mal mais qui en même temps est tellement soulagée qu’on l’écoute et qu’on essaie de comprendre.

Accoucher d’un enfant avant terme, ça implique souvent (pas toujours. Chaque histoire est unique) de devoir être provoqué. Provoquer un accouchement se fait de différente façon, souvent par médication qui provoque les contractions. La maman vit alors le même processus qu’un accouchement à terme. Début des contractions, augmentation de celle-ci, douleur physique, poussée, détresse, accouchement.

On met notre bébé au monde pour mourir de la même façon qu’on le mettrait au monde pour vivre…. C’est la pire douleur qui existe. Je vais toujours me rappeler que je refusais de pousser. Je savais que si je poussais, ce serait le début de la fin. C’est tellement le pire des moments. LE moment qui devrait être le plus heureux de notre vie devient notre pire cauchemar. À partir de ce moment, tout notre être, notre âme, tout ce qu’on est change. Notre vie ne sera plus jamais la même.

J’ai revécue un deuil périnatal lorsque j’ai accouchée prématurément de ma 2e fille 3 ans plus tard suite à un décollement du placenta. Encore une fois la même détresse, le même sentiment de ne pas être une vraie maman, de n’être bonne qu’à donner la mort.

Les mois qui suivent sont souvent empreint d’une grande tristesse, d’une incompréhension de la vie, d’un sentiment d’injustice extrême… de pourquoi ca ? Pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait de pas correct ? Ai-je été négligente ? Qu’est-ce que la vie essaie de m’apprendre ?

Généralement, les réponses à ces questions ne viennent jamais…

Le deuil périnatal, c’est un deuil de toute une vie qui n’existera pas. C’est le deuil des rêves, de l’espoir, du futur. C’est un deuil bien particulier avec ses émotions qui lui sont propres. Les émotions qui sont uniques à ce genre de deuil. Pleurer un être qu’on ne connait pas ou presque pas, qu’on n’a pas vu vivre, avec qui le contact a été bref mais c’est le deuil d’un être qui fait partie intégrante de nous, qui est une partie de nous.

En ce mois d’octobre, j’ai une pensée pour tous les parents que j’ai connu qui ont vécus un deuil périnatal. Une pensée pour tous les mamans et les papas qui ont un trou dans le cœur et l’aurons à jamais. Une pensée pour tous les futurs parents qui auront à le vivre…

 

Espérons que le fait d’en parler, de savoir, de connaitre et de démystifier ce deuil permettra à ces parents de le vivre un peu plus sereinement et avec tout l’amour de leurs proches.

Aujourd’hui, par ce texte, je veux aussi rendre hommage à tous les petits anges partis trop tôt. Ils sont partis intégrantes de nous et le serons à jamais. Merci d’avoir passé dans nos vies. À Stella et Tristan, Antoine, Alexane et Anabelle, Mathis et Zachary, Adam, Marie, Laurie-May, Olivier et Zack, Jacob, William, Loïk et Lia. Et tous les autres. Ils sont des milliers chaque année.

Et bien sûr, à mes belles grandes filles au ciel; Arielle et Anna-Belle. Vous faites partie de moi, de mon histoire, de ma vie et de notre famille …. Hier soir, petite sœur Béatrice a regardé le ciel et vous a salué. Moment unique et extrêmement touchant dans la vie d’une maman endeuillé.

SVP Le 15 octobre prochain, affichez le ruban rose et bleu pour montrer votre soutien aux gens vivant le deuil périnatal.

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