Dans deux petites semaines, je debute un nouveau chapitre dans ma vie. Que dis-je ? Je commence un nouveau tome. Et je ne suis pas certaine que je suis prête à l’entamer. Je me sens comme au bord d’un tremplin et même si je sais que l’eau est glacée, je n’ai pas le choix de sauter.

Voilà; dans deux semaines, ma fille commence l’école et du même coup, je passerai de mère monoparentale à temps partiel à celui de mère monoparentale à temps plein. Pas que je m’en plaigne, loin de là ! Mais alors que ma fille qui a toujours connu la garde partagée, elle devra s’adapter au fait de ne voir son père qu’une fin de semaine sur deux pendant l’année scolaire. Mon adaptation à moi sera d’affronter cette grosse machine qu’est le système scolaire et de le gérer à peu près toute seule. Évidemment, je pourrai discuter de ce qui se passe avec le père de ma fille, mais le quotidien, le vrai, le présent, le senti, le vécu, c’est moi qui serai en plein dedans. Je vous l’avoue, en toute honnêteté, cette nouvelle réalité, me fout un peu la trouille.

Je pense avec un brin d’anxiété à sa première journée d’école, quand elle montera dans l’autobus le matin et au moment où je n’aurai pas le choix de lui lâcher la main pour la laisser entamer ce premier grand vers l’autonomie.

Je pense aux satanés lunchs avec la liste des interdits plus longue que nécessaire où je voudrai quand même mixer santé et variété, aux matins pressés où se sera l’obstinage pour les vêtements à porter, aux soirs où on finira par manger du « spagat » un 3e souper d’affilé. Je pense à la première fois où ma fille arrivera en pleurant parce qu’un tel l’a traitée de grosse, de pas fine, de laide…. Et que la mère ourse en moi aura juste le goût d’aller serrer les ouïes du petit sacripant en question. Je pense aux notes dans l’agenda ou aux appels des professeurs pour régler les petits ou grands tracas scolaires. Je pense aux fois où la gastro ou tous autres microbes indésirables décideront de nous visiter et qui feront fondre ma banque de congé maladie comme neige au soleil.

Je pense aux soirs où la fatigue me donnera envie de laisser tomber les responsabilités pour juste aller dormir, mais où je devrai prendre sur moi parce que personne ne sera là pour prendre la relève.

Je sais bien que je dramatise.  Au fond, en mettant de côté toutes mes inquiétudes, j’ai hâte et je suis excitée à l’idée de l’aider à faire ses devoirs, à l’écouter me faire la lecture d’une histoire à son tour, à l’entendre me parler de ses nouveaux amis et de ce qu’elle aura appris dans sa journée. Je sais que les moments de fierté et de bonheur balayeront les moments de doute, d’inquiétude et de fatigue.

Mais ce soir, je regarde la couverture du nouveau tome de ma vie et je le repose sans ouvrir la première page. Je jette un œil en bas du tremplin sans plonger encore dans l’eau qui me semble si froide. Il me reste encore deux petites semaines avant de faire le grand saut!

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