Entamé en décembre, le livre La Femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette était sur ma table de chevet et je voulais vraiment le lire! Je le trouvais si bon. Mais vous savez comme moi ce que c’est: la job, la fatigue, les rapports pour le boulot à lire et on remet le roman à plus tard. J’en avais lu le tiers avant de le reprendre la semaine dernière. Ce livre m’avait séduite dès les premières pages par le style et la sensibilité des textes. J’avais lu énormément de bons commentaires sur ce bouquin, avec raison. C’est une œuvre magnifique.

Ce roman est basée sur une histoire vraie, celle de la grand-mère de l’auteure qui a abandonné ses enfants en bas âge. À la recherche de réponses sur cet événement qui a marqué sa famille, elle a engagé une détective et a demandé l’aide de sa famille pour retracer cette femme qui fuit.  Le livre raconte son histoire.

Donc, j’ai poursuivi ma lecture la semaine dernière, mais j’ai arrêté à environ la moitié du livre. Au moment où le personnage principal, épuisée par une vie misérable en campagne, quitte ses enfants âgés de 1 et 3 ans, je suis tout simplement fondue en larmes.

Je suis moumoune de même, j’ai pleuré tellement la compassion que j’éprouvais pour ces enfants m’a envahie. Sans porter de jugement sur le geste commis, je rêvais juste de pouvoir les prendre dans mes bras pour les rassurer. Mon cœur de maman était en mille miettes. Je me suis aussi mise à imaginer ce qui pourrait arriver à mes enfants si je n’étais plus là. Bref, ce livre magnifique, j’ai dû le refermer encore cette semaine. Ça ne lui enlève rien de ses qualités, mais il est apparemment trop dur pour moi en ce moment. Je le poursuivrai plus tard.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand une histoire me perturbe, j’y pense pendant des jours et des jours! Je me suis surprise à faire un décompte de toutes les histoires qu’on nous raconte depuis notre enfance qui parlent d’abandon ou de séparation des parents et des enfants, qui relatent des faits où les enfants ont beaucoup trop de responsabilités pour leur âge ou qui vivent l’innommable sans adulte autour d’eux. Des histoires d’horreur déguisées en conte de fées. Ce n’est pas trop long qu’on fait le tour des classiques: Blanche-Neige, Cendrillon, la Belle au bois dormant, Aladdin, Raiponce …

Le pire, c’est Hansel et Gretel. Voyons donc ! Le père qui se laisse convaincre par sa blonde d’aller porter ses enfants au beau milieu de la forêt parce qu’ils n’ont a pas assez de sous pour les nourrir. Hein ?

D’ailleurs, je me rappelle avoir eu un malaise en la racontant à ma fille la première fois.  Je lui disais : Tu sais que c’est une histoire, hein ? Que maman, même si elle n’a plus de sous, elle va te nourrir avant elle ?

Mais tout de même, j’ai raconté ces histoires du folklore ou j’ai visionné les films sans trop m’attarder sur le message qui se cachait derrière. La féministe en moi a déjà dénoncé le rapport homme-femme de ses contes, mais je n’avais jamais abordé celui de la relation parent-enfants. Après avoir lu la moitié du livre La femme qui fuit, je ne vois que ça. J’ai l’impression d’avoir banaliser un sujet aussi important que l’abandon parental, qu’il soit volontaire ou non, obligatoire ou non, pour le bien-être de l’enfant ou non.

L’abandon parental, en 2016, est un crime, à moins que ce soit la mort qui les sépare. Le papa de Hansel et Gretel aurait eu un mauvais quart d’heure au tribunal s’il était né à notre époque. L’alinéa 38, de la Loi de la protection de la jeunesse, en vigueur depuis 1979, l’explique bien. Ce qui m’importe d’exprimer aujourd’hui, c’est que le rôle des parents dans la vie d’un enfant, et ce, dès ces premières heures de vie, est vital, essentiel, prioritaire, fondamental et autres synonymes.

Nous sommes tous les meilleures parents au monde pour nos enfants, parce que nous sommes les seuls qu’ils ont et que la relation d’attachement est avec nous. L’attachement est le lien affectif considéré comme essentiel à la survie de l’humain.  Quand il y a abandon ou négligence, ça a une empreinte permanente dans la vie des enfants. Certains spécialistes s’entendent pour dire que lorsqu’il y a des troubles de l’attachement, l’enfant peut développer toutes sortes de difficultés relationnelles, comportementales et physiques. Même si les contes de fées nous ont raconté des histoires avec des enfants orphelins qui finissent heureux pour toujours et à jamais dans les bras de princes charmants, c’est la pire invention mensongère du monde. Un enfant va toujours sentir l’absence de ses parents, même rendu adulte. Ça donne le ton au reste de sa vie.

Dès qu’on met un enfant au monde, on ne peut plus se soustraire à cette responsabilité de l’attachement. Sa vie est reliée à nous à jamais. Tout ce qu’on fait, ou pas, aura un impact. Ainsi est faite la vie. Pour tout le monde. J’dis pas ça pour mettre de la pression sur les parents qui en ont déjà assez suffisamment sur les épaules.  Je l’écris noir sur blanc pour souligner le travail exceptionnel qu’ils réalisent à tous les jours, même quand ce n’est pas facile.  Ils sont l’univers pour un ou plusieurs petits êtres et qu’ils honorent ce privilège avec un repas vegan ou un Kraft dinner, une fête d’amis à 1$ ou 800$ ou un biberon ou l’allaitement exclusif, on s’en fout. L’important, c’est l’attachement.

Parents, je sais que nous sommes fatigués (dit la fille qui vient de passer à travers un an complet sans nuits complètes), mais nous ne sacrifions qu’une portion de nos vies pour donner le meilleur à nos enfants pour TOUTE LA VIE.

Moi, j’ai choisi la fierté du don plutôt que la complainte.

Procurez-vous le livre La Femme qui fuit d’Anaïs Barbeau-Lavalette sur ce lien.

Néorurale.ca est affiliée à Leslibraires.ca et reçoit un pourcentage des ventes générées par les liens affichés sur le site. Leslibraires.ca est une coopératives de librairies indépendantes québécoises qui encourage l’achat local en ligne partout au Québec.