Ne pas s’épiler chez la coiffeuse
Je suis une personne qui aime faire réfléchir les gens. Ça a toujours été. Je n’hésite jamais à poser des questions et dire la vérité, même les délicates.
Mais ces temps-ci, je suis vraiment plus incisive qu’à l’habitude. Ce doit être le climat international inquiétant qui me pousse à agir pour changer le monde tout de suite! Alors je n’hésite plus à répliquer des phrases porteuses de sens. Ben, à mon sens. En souhaitant que ça fasse du sens pour les autres! 😉
Avant de continuer, vous devez savoir que je n’ai jamais été une fille qui pouvait se cacher de quoi que ce soit en ce bas monde ou entrer dans un moule social précis. Je pense que mon prénom y est pour beaucoup. Depuis ma naissance, il m’a toujours été impossible de passer inaperçue, comme par exemple Caroline, Mélanie et Geneviève. Elles, elles peuvent. Cassiopée, non. Donc, depuis ma naissance, partout où on connait mon nom, on veut me voir.
Ce prénom est un don ou une malédiction, ça dépend des jours.
Je ne sais pas si j’ai appris à me comporter ainsi à cause du prénom ou si c’est lui qui était réellement destiné ma personnalité. Bref, j’ai le don de ne rien faire comme les autres: je parle trop fort, je pense trop fort, je suis de bonne humeur trop fort ou je porte quelque chose qui ne faut pas trop fort. J’ai même été une fille de ma génération trop fort. C’est tout vous dire!
Aujourd’hui, contrairement à mon adolescence, j’accepte totalement ce karma. Tellement en la paix que j’en rajoute. Au lieu de résister à ce trop d’attention, j’en profite. Comme je sais comment gérer des confrontations, des silences, du malaise dégoulinant et que j’ai un petit sens de la répartie, c’est plutôt facile pour moi. Je m’en sers pour faire avancer mes causes. J’appelle ça: faire des petites provocations. La fois où j’ai dit à une fille dans une salle d’attente que je n’écoutais pas La Voix, est un bon exemple!
Et j’ai décidé d’en faire une catégorie entière sur mon blogue. Avec toute l’originalité qu’on me connait, voici donc le premier texte de cette catégorie que j’ai nommé: Mes p’tites provocations. 😛 Haha!
Donc, je vous transporte chez la coiffeuse, un mardi PM banal de janvier. Je rafraîchie ma coupe. Je ne sais pas encore si je fais allonger mes cheveux ou si je choisis encore la coupe courte. Alors je fais juste couper la pointe, le temps que la décision se pointe! 😃 Ça fait 1 an que ça dure, je ne suis pas pressée.
Je racontais à la coiffeuse comment j’aimais maintenant ma couleur naturelle. Elle était surprise à vrai dire, d’avoir une cliente qui ne veut pas changer de tête pour mieux s’aimer.
J’ai poussé la phrase: « Je me trouve belle naturelle ».
Oooooh que oui j’ai osé lui dire ça. Elle a répondu un: « ben oui t’es belllllleee! » sans même me regarder vraiment, comme on complimente mécaniquement la nouvelle photo de profil de notre amie sur Facebook.
Et parlant de naturel, j’ai poussé encore un peu plus le sujet: « Je pense qu’on ne valorise pas suffisamment notre vrai visage, nos vrais cheveux, notre vrai corps sans artifices. Je suis aidée dans ce processus par mon conjoint, qui m’aime pour moi et me trouve belle exactement comme je suis. Sans joke, je pense que je pourrais arrêter de m’épiler et ça ne lui dérangerait pas! ».
– TU ES DONC BEN DÉGUEULASSE !!! me crie-elle en arrêtant de me couper les cheveux.
Telle a été sa réponse spontanée. Elle a parlé plus fort que le reste de la conversation, les filles assises tout près en pose manucure se sont retournées. Elle n’a pas dit : « c’est dégueulasse », ou « le poil, c’est dégueu », ou « ton chum a des gouts dégueulasses » .
Non. C’était MOI la dégueulasse.
Je me suis retournée doucement en lui répondant: “Ah oui? Tant que ça? Moi je trouve plus dégueu les hommes qui obligent leurs conjointes à s’épiler le corps entier à zéro pour qu’ils les trouvent attirantes et couchent avec. Ça, je trouve ça vraiment horrible.”
– Ah ouais, ça pas d’allure ça! a-t-elle répondu en hochant la tête d’approbation.
Et voilà. Un pas de plus vers la libération du poil.
Mais bon, ruralité, hein! Les risques que tous les villages aux alentours parlent de la Cassiopée dégueulasse qui ne s’épile pas, sont vertigineusement élevés. Je pourrai maintenant ajouter à ma liste: je m’épile (ou pas) trop fort!
Gééééénial!