Cette semaine, c’était la Semaine des enseignants. La semaine prochaine, ce sera la Semaine de la persévérance scolaire. Deux belles occasions d’aller voir un prof de votre entourage et de lui donner une tape dans le dos. Parce que les 50 autres semaines de l’année… han!
Loin de moi l’idée de me plaindre. Les enseignants ne crèvent pas de faim et ont de bonnes conditions. Mais je ne voudrais pas non plus que vous pensiez que je m’apprête à vous chanter une ode aux enseignants. Ce sont des piliers de notre société, mais pas plus ni moins que les infirmières, les policiers, les avocats (!) ou même les mécaniciens, les commis de bureau et les secrétaires. Chacun son rôle. Différents, mais tous aussi importants.
Étant un enseignant moi-même, je ne sais trop quoi penser de cette semaine qui nous est consacrée. C’est un peu comme la Journée de la Femme. Faut leur faire attention cette journée-là, mais les 364 autres jours de l’année, on n’a pas l’air trop trop gênés de les maltraiter, de les payer moins cher, de les lapider pour adultère, de les exciser… La Semaine des enseignants, dans une bien moindre mesure, c’est un peu le même principe, j’ai l’impression. De la reconnaissance, mais juste quand les kodaks sont là…
À titre d’exemple, je pourrais vous parler des soirées et des fins de semaine passées à planifier et à corriger, en me disant qu’avec 124 années d’études universitaires, je mériterais une job un peu plus pénarde et valorisée que ça… Mais je ne le ferai pas.
Je pourrais vous parler de ma première année dans la profession, quand, après deux semaines à me démener, je recevais finalement ma paye et je me disais qu’un chèque de B.S. ne devait pas être ben ben moins haut… Mais je ne le ferai pas.
Je pourrais vous parler de tous ces nouveaux enseignants qui doivent accepter des tâches pas possibles, réparties sur plusieurs niveaux, dans plusieurs matières et parfois même dans plusieurs écoles différentes… Mais je ne le ferai pas non plus.
Au lieu de ça, j’aimerais vous parler des lumières qui s’allument dans les yeux de ces p’tits monstres quand ils se rendent compte qu’ils peuvent réussir là où ils avaient toujours échoué, et s’amuser avec quelque chose qu’ils avaient toujours trouvé plate.
J’aimerais vous parler de cette jeune maman, décrocheuse puis raccrocheuse, qui m’a apporté un café en classe pour me remercier de l’avoir aidé à passer son histoire de secondaire 4 : seule matière qui lui manquait pour pouvoir entrer au cégep en soins infirmiers. C’est elle qui a amélioré sa vie et celle de ses enfants, pas moi.
J’aimerais vous parler de tous ces étudiants qui trouvaient ça don’ innocent, inutile pis fif, l’école… et qui aujourd’hui ont terminé leur D.E.P. ou leur technique, et qui gagnent deux fois et demie mon salaire. C’est une des belles victoires qu’un prof puisse célébrer.
Bonne Semaine des enseignants et bonne Semaine de la persévérance scolaire. Les profs, vous êtes de belles lumières dans un monde rempli d’éteignoirs. Les élèves, les raccrocheurs et les parents soucieux de l’éducation de leurs enfants, vous êtes l’espoir d’une société plus allumée. Quoi qu’on dise de vous, ce sont vos semaines : soyez fiers de répandre votre lumière un peu partout.
Bravo M. Roy pour ce signal. Il est vrai qu’enseigner au primaire ou au secondaire n’est pas une tâche facile même si c’est votre choix. Vous n’avez pas souvent bonne presse puisqu’on a la fâcheuse manie de mettre tout le monde dans le même panier. Cependant il est utile d’entendre
des témoignages comme le vôtre qui mettent en évidence l’importance de vôtre tâche et le rayonnement que vos enseignements et votre mission envers les apprenants peuvent produire.
Bravo encore!
Michel Vachon