La Chronique du Prof

Par Bernard Vachon, Ph.D.

La région des Laurentides au Nord de Montréal a eu son curé Labelle, le « Roi du Nord ». Le comté de Portneuf à l’ouest de Québec a eu Jean-Charles Magnan, agronome, conférencier, enseignant… véritable missionnaire de la vie rurale québécoise au début du XXe siècle.

Celui, ou celle, qui s’intéresse à l’histoire de l’agriculture et, de façon plus globale, à l’évolution de la ruralité au Québec, aura vite fait de rencontrer ce personnage mythique qui a consacré sa vie à défendre et à promouvoir le « métier de la terre », pilier de la vie rurale jusqu’aux années 70.

Au moment du premier recensement canadien de la population agricole en 1931, période particulièrement active de notre agronome, 777 017 personnes vivaient sur une ferme au Québec, ce qui représentait 27.0% de la population totale. Vingt ans plus tard, en 1951, ce pourcentage avait chuté à 19.5% ; puis à 3.2% en 1981, à 1.9% en 1991 et à 1.2% en 2006.

Par ailleurs, cette population agricole qui représentait 20% de la population rurale en 1971, n’en représentait plus que 13% en 1981 et 5.7% en 2006, soit 90 940 personnes pour l’ensemble du Québec. Fait à noter : 77% des agriculteurs comptent aujourd’hui sur une autre source de revenus pour faire vivre leur famille.

La diminution de la population agricole est conséquente à la mécanisation des opérations agricoles et à la réduction du nombre de fermes qui est passé de 135 957 en 1931 à 95 754 en 1961, à 30 675 en 2006 et à 28 995 en 2009. Conséquente aussi à l’évolution de la taille moyenne des familles agricoles.

Il est devenu évident que l’agriculture et la forêt ne peuvent plus assurer la vitalité de centaines de communautés rurales à travers le Québec. L’agriculture ne fait plus la ruralité. D’autres fonctions, d’autres métiers, d’autres modes d’emploi cohabitent avec l’agriculture dans l’espace rural. La néoruralité est une forme d’expression de la ruralité nouvelle et à plusieurs égards elle est porteuse de sa redynamisation et de sa pérennité.

Noël étant propice à la nostalgie, je vous propose de faire plus ample connaissance avec Jean-Charles Magnan, ce géant discret de la ruralité québécoise. Natif de la ville de Québec, il a été en son temps et à sa manière un néo-rural.

Mes meilleurs vœux pour la réalisation ou la consolidation de vos rêves et projets de néoruraux en 2014. Le Québec rural se redéfinit et se recompose avec vous.