Le clocher se dessinait au loin et, pour moi, c’était l’écho d’un univers qui m’avait toujours fasciné bien que je le rejetais délibérément. Je me souviens encore avoir parcouru le long chemin menant vers ce minuscule village du Témiscamingue l’esprit plein de doutes et d’espoirs.

Une dame resplendissante de bonté m’a accueillie les bras ouverts et le sourire figé au visage. Une vague invisible s’est fracassée sur moi en emportant avec elle tous les soupçons que j’entretenais. En moins de 10 minutes, j’étais déjà sous son charme. Inexplicable. C’était de l’amour pur. Dénué de toutes les mauvaises intentions égoïstes qu’on lui prête trop souvent. Pas de jeu. Juste de l’amour brut.

 D’un coup, au beau milieu de nulle part, une sœur de la Providence me redonnait confiance en l’humain. Oui oui! Une sœur! Moi non plus j’y croyais pas.

Je dois dire que j’ai un faible pour les gens qui me confrontent dans la vision trop souvent coulée dans le béton que j’ai de la vie. J’aime être profondément ébranlée puisque ça m’aide à m’ouvrir encore plus. Étrange de penser qu’une femme appartenant à une institution aussi fermée sur le changement m’amène des réponses sur mes chimères des temps modernes.

J’y ai découvert une sœur inspirante qui ne vit que pour veiller sur sa communauté qu’elle chérit de toutes les parcelles de son cœur et de son âme. De toute ma vie, je n’ai jamais rencontré une personne qui ne comprend le mot amour plus que cette dame.

Ça m’a jeté par terre. Je me suis senti cheap (une fois de plus). Moi, qui a accès à tous les bonheurs de la vie sans contrainte…c’est jamais assez. Rien n’est jamais assez.

En une seule journée, cette femme aime plus que je dois aimer en une année! J’ai été touchée par la ferveur et la passion avec laquelle elle parle de ce village et des gens qui l’habitent…une qualité que partage plusieurs ruraux et que je leur envie presque maladivement.

J’aimerais dire qu’à la suite de cette rencontre, je suis devenue une meilleure personne. Ce serait mentir. Non. Je suis restée celle que j’étais…la fille centrée sur sa vie ô combien intéressante. Toutefois, j’y pense à tous les jours. Je me demande comment serait la vie si je décidais délibérément de donner sans rien attendre en retour au risque de passer mon cœur dans le tordeur.

L’idée d’être aussi vulnérable m’effraie au plus haut point. Pourtant, j’ai l’impression qu’il y a plus à gagner qu’à perdre… en accueillant tout avec ouverture et amour… Il s’agit de faire le pas.