Je ne vais pas au Témis pour Noël cette année.

C’est une habitude de préparer ce voyage en plein hiver. Surveiller la météo en cas de tempête, mettre mon auto en ordre, remplir le coffre de cadeaux, de jouets et de « ben trop » d’effets personnels pour un séjour d’une semaine. Mettre le petit chien, ma grande fille et (ne surtout pas oublier) le lutin coquin sur le siège arrière de l’auto, fins prêts pour un au moins 12 heures de route, arrêts non-compris.

témis noëlEntendre les : « Tu fais 12 heures de route toute seule en plein hiver? Tu es donc ben courageuse! » Peut-être, mais vous savez, c’est devenu une habitude, ça ne dérange plus. À force de se taper la route, on la trouve familière et elle est moins longue. Chaque étape du parcours est un souvenir, un pas de plus vers les festivités de Noël. On met de l’essence à Rigaud, à Limoges ou à Arnprior. On rencontre tous les Témiscamiens exilés au Tim Horton de Deep River. On se jase de l’état du raccourci de Mattawa. La routine quoi.

Par contre, l’an dernier, chéri est venu avec moi et grâce à son orgueil de gars, je n’ai presque pas conduit. Ils sont pratiques les hommes, vous savez…

C’est justement à cause de chéri que je ne vais pas Témis pour ce Noël qui approche. C’est son tour cette année : on visite sa famille! Ce sera donc un autre Noël rural, parmi une famille de fiers Bellechassois! La maman a eu 9, 11 ou 26 enfants, je ne me rappelle plus trop. En tous cas, ils sont suffisamment nombreux pour que je ne puisse pas tous les connaitre, me rappeler des noms, de qui est l’enfant de qui ou de qui est marié avec qui… Mais eux, ils te connaissent, parce qu’il y a toujours moins de nouveaux que d’anciens. C’est injuste, c’est inégal.

D’ailleurs, eux aussi, ils sont éparpillés à travers la province, comme ma [plus] petite famille. S’il y a bien un truc universel à Noël, c’est bien le goût de se regrouper, de se raconter nos vies, de prendre de nos nouvelles, de se faire plaisir. De Bellechasse au Témiscamingue, en passant pas la Côte-Nord, je suis pas mal sûre qu’on aime tous se retrouver ensemble.

N’empêche que ma grande fille est déçue. Un Noël sans grand-papa qui vit loin, loin, loin, c’est pas pareil. Dans son petit cœur de 8 ans, Noël, c’est chez son grand-papa, point barre. Cette année, on ne pourra pas aller faire le train des chevaux le matin, on ne pourra pas aller flatter les chats Paspeur, Pantère, Gêné et les 18 000 autres donc je ne me rappelle plus les noms, on ne pourra pas presque donner une crise de cœur à Zoulou le cockatiel, on ne pourra pas aller marcher sur le lac Témiscamingue et on ne pourra pas faire des biscuits au sucre pendant 3 jours et 3 nuits avec ma belle-maman. Ça, c’est triste.

Vivre en région au Québec, c’est expérimenter une grande proximité tout en étant si loin à la fois.

– Maman, grand-papa vit trop loin, je veux qu’il déménage chez nous!

– Peut-être que c’est nous qui vivons loin de lui mon cœur, as-tu pensé à ça?

– Ben non, ça se peut pas, mon école est ici!

– Ouin, vu de même…

Commentez!