C’est demain. Je croyais fondre en larme, être nostalgique des cinq dernières années où tu m’as fait connaitre l’authenticité d’un sentiment qui est quasi-insupportable parfois. Il y a quelques mois, je disais aux inconnus que j’allais te garder à la maison toute ta vie, que tu n’irais pas, toi, à l’école! Bien que ce soit dit à la blague, il y a sûrement une part de chaque maman qui voudrait le faire… Seulement parce que nous avons l’impression de ne pas avoir profité assez, seulement parce que les autres nous disent que ça va si vite à partir de l’âge scolaire! Il y a nos propres démons aussi, des souvenirs pas toujours agréables, qui nous tordent le ventre en entrant dans n’importe quelle école. Parce que, malgré le cliché, l’étape est assurément majeure mon coco… J’ai tenté de toutes mes forces de te protéger dans un beau cocon douillet, jusqu’à ce que je comprenne que c’est la pire des choses à faire pour ton bonheur. Tantôt, tu vas arriver à la maison avec de gros bleus, sans mitaines, ou en larmes… Je vais te béquée-bobo, apprendre à te tricoter d’autres mitaines (lire: demander à mamie de te tricoter d’autres mitaines) et te serrer trop fort dans mes bras jusqu’à ce que le flot de tes yeux se calme doucement. Comme ça, tu assimileras doucement comment on gouverne son propre bateau.
Mais sais-tu quoi mon fils? Au contraire de ce que j’anticipais, j’ai vraiment hâte à demain. On a compté les dodos, fait un calendrier avec des X. Tu es paré pour cette belle étape et tu me fais bien rire avec ta trop grande motivation! Eh non, tu n’apprendras pas à lire à ta première journée! Ne te met pas trop de pression mon bébé. Tu es brillant, autant de la tête que du cœur. Il y aura plein de personnes compétentes pour t’aider, qui sont passionnées par leur métier et qui t’inspireront assurément toute ta vie.
Je t’aime tant, que j’en viens à être bien fière de la mère que je suis. Je me trouve bien bonne d’avoir construit un enfant comme toi. Même si nous les mamans, on passe notre temps à se remettre en question, à douter et à avoir peur pour les flo(t)s. Finalement, je suis si fière de toi, que je dois faire une pas pire job au final! C’est vrai, je ne suis pas seule par contre… Tu as la chance d’avoir un papa qui t’aime gros comme la terre, et qui donnerait sa vie pour que tu sois heureux. Même si tu vis dans deux maisons depuis quelques années, on réussi à former une bonne équipe par amour pour toi. Nous serons présents aux concerts de musique, aux vernissages d’art plastique et aux parties de basket ball… Plus les années avanceront et plus nous allons nous montrer discrets, parce qu’un jour, tu ne voudras plus m’embrasser devant la cour d’école!
Demain, tu pars avec ton sac et ta boîte a lunch. Tu vas ouvrir ta compote de pomme tout seul, gérer ta sandwich et ton jus en boite. Demain, tu rentre dans le monde de l’éducation. Je vais du même coup commencer à m’inquiéter davantage des changements de gouvernement ou des coupures dans l’éducation. Parce que ça va être toi qui va être dans toute cette grosse machine, ce ventru système. Tu vas te construire graduellement avec ce qui te stimule. Tu vas décider tout seul de ce qui te rejoint, un petit homme maintenant indépendant de l’être.

C’est demain… Ok, je vais peut-être pleurer un peu. Quand tu seras loin, que tu ne me verras plus. Pas parce que je suis triste. Juste parce que je suis heureuse.
Vraiment heureuse d’être ta mère.