Ma fille a sauvé de l’abandon un bébé chat errant la semaine dernière. Un événement dans tout ce qu’il y a de plus banal et quotidien pour des résidents de rangs au Québec. Parce qu’il appert que pour des propriétaires de chats qui ne veulent plus de leurs bêtes, le rang, bordées de quelques maisons, est LE spot pour se départir des animaux, en même temps que de leur sens des responsabilités. Pour la culpabilité, j’image qu’elle est inexistante, parce qu’il faut toute une armure contre la sensibilité pour faire un tel acte!

J’ai déjà écrit là-dessus, il y a quelques années. Une amie avait sauvée une maman chat dégriffée et enceinte dans son rang. Voir qu’on abandonne un chat en gestation sans défense dans la nature! Voir!

Mais les années passent et rien ne changent.

Pour ma fille qui, je vous le rappelle, pleure devant les homards vivants ensachés à l’épicerie et s’insurge devant la cruauté des êtres humains en regardant les poulets rôtis en série, il n’était nullement question de laisser ce bébé chat à lui-même. Elle l’a d’abord mis dans notre Pet Taxi pour faire le tour du voisinage et vérifier s’il appartenait à quelqu’un. Nope.

On lui a aussi donné un discours qui ressemblait un peu à ceci: ” Il ne faut pas le nourrir sinon il va revenir et on va être pris avec.  On n’est pas desservi par la SPA, alors faut qu’on paie pour l’apporter ou qu’on l’amène chez le vétérinaire et qu’on lui trouve une famille. Ça coute très cher tout cela et ce n’est pas notre chat. Je l’ai déjà fait assez souvent, je ne peux plus payer pour ces chats abandonnés.”

Elle a aussi rencontré quelques voisins qui l’ont nourri.. parce qu’il était juste trop maigre et que ça déchirait le coeur de n’importe qui!

Mais la bonté des résidents de rang a ses limites…

Mes recherches

J’ai donc appelé rapidement ma clinique vétérinaire pour m’informer de la procédure et des coûts. Un examen de santé et un vermifuge de base me couterait environ 100$. Je pourrais ensuite le garder à la maison avec mes autres animaux et le mettre en adoption.

La SPA peut m’aider même si je ne suis pas sur son territoire de desserte. Au coût de 50$, je peux aller leur porter s’ils ont de la place dans la chatterie. Quand j’ai téléphoné pour m’informer, la dame au téléphone désirait prendre mon nom et mes coordonnées pour me rappeler dès possible. Elle a vérifié combien de temps je pouvais garder le chat chez moi avant qu’ils puissent le prendre. J’ai été épatée par leur grand sens du dévouement pour les animaux abandonnés.

Vous me direz que c’est leur travail, mais gardez en tête qu’il s’agit d’un organisation à but non lucratif ni subventionnée, ni gouvernementale, qui s’auto-finance avec ses services d’adoption et sa boutique de produits animaliers et reçoit de précieux dons de la communauté. J’adore la SPA Beauce-Etchemin en fait, et le 50$ me semble bien peu pour tout le travail qu’ils font.

Ceci dit, 50$ demeure un montant bien raisonnable pour sauver un chaton pour ma part, mais pour sauver la dizaine qui miaule à nos portes pendant l’année… ça commence à faire un trou dans un budget familial!

Dans les médias, il est facile de retrouver des articles sur l’abandon des animaux à Montréal en période de déménagement TVA Nouvelles ou Radio-Canada en parlent à chaque année. Il est toutefois difficile d’obtenir des statistiques sur les abandons ruraux.

En 2007, un sondage de l’Association de la médecine vétérinaire du Québec (AMVQ), nous apprenait tout de même que les Québécois s’étaient départis d’un chat 491 000 occasions et d’un chien a 261 000 reprises, peu importe la façon: vendus, donnés, perdus, euthanasiés, abandonnés ou décédés.

Loin de moi l’idée de juger une séparation avec un animal: j’ai moi-même dû offrir un chien à une autre famille, pour diverses raisons. Et j’ai pleuré et je me suis sentie coupable. Jamais je ne me suis jamais départie de mon sens des responsabilités envers lui. Il n’a quitté la maison que lorsque j’étais assurée qu’il aurait une meilleure vie qu’avec nous. Rien de moins. Et j’ai régulièrement des nouvelles de lui, sa nouvelle famille est la plus adorable des familles au monde, nous sommes si choyés!

La famille s’agrandit!

Bref, après plusieurs discussions avec mon chum, nous avons choisi de le garder, ce petit chat. Après une visite chez le vétérinaire et quelques soins, dont une stérilisation, il est entré dans notre famille déjà bien garnie de petites bêtes poilues! Je mets souvent le prétexte de ma ménagerie sur le dos de ma fille: “ma fille a sauvé un chat”, “ma fille aime tellement les animaux”, “ma fille veut être agricultrice”, etc. Mais en vérité, la pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre et j’avoue que mon amour inconditionnel pour les animaux me fait souvent choisir d’agrandir la famille.

Aussi, je dois dire que je crois qu’en sauvant ce petit chat qui miaulait à ma porte-patio, je guérissais une vieille blessure d’enfance. L’été de mes 5 ans, ma famille et moi habitions un chalet pour la période estivale pendant que notre nouvelle maison se construisait. Je ne garde que de bons souvenirs de cet été-là, surtout que je nourrissais d’une tranche de jambon tous les matins, un chat errant gris qui se présentait à la porte-patio. Toutefois, quand il fut l’heure d’aménager à la nouvelle maison, il ne m’a pas été permis d’apporter mon chat, celui avec qui je jouais à la poupée et baladais dans ma poussette de bébé…

Mais aujourd’hui, je fais le choix de garder ce petit chat qui s’est présenté à ma porte-patio et j’en suis très heureuse!

Bienvenue Timothé le chat!

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