Lundi matin, 7 h 05. Je suis assise à la table de la cuisine et je bois mon café chaud. Mes enfants sont dans le salon et jouent à Serpents & Échelles. C’est là que la gratitude m’est rentrée dedans! Reconnaissante d’avoir pris une des meilleures décisions de notre vie, mes souvenirs m’ont ramenées à ce froid matin de décembre 2008, en plein centre-ville de Québec.
À la même heure, je déneigeais ma voiture, qui était prise dans un banc de neige/glace/slush/gadoue, pour aller travailler. Enceinte d’une dizaine de semaines, les larmes gelaient sur mon visage à cause de la température. Dans de la neige jusqu’aux genoux, mon esprit s’emballait : je me demandais comment on allait faire pour élever un enfant dans un appartement qui nous coûtait un bras, avec deux salaires presque minimums, loin de nos familles. On avait décidé de déménager dans un grand centre pour nous faciliter la vie… Ha ha, ouin.
Du lundi au vendredi, on quittait l’appartement vers 7 h et on y revenait après 18 h. Aller faire l’épicerie nous prenait un temps fou à cause du trafic et de l’achalandage des magasins. On travaillait, dormait et mangeait. C’est tout. « Comment veux-tu qu’on élève un enfant dans ces conditions-là? » était la question qui me trottait dans la tête en permanence. Je sais que ça se fait : beaucoup le font; mais je ne savais pas comment on réussirait, nous.
Le temps des fêtes passé, nous avons vu nos familles pour trop peu de temps. C’est alors que nous avons pris la décision de revenir dans notre coin de pays, l’Abitibi. Ça ne changerait rien au froid et aux tempêtes de neige, mais notre qualité de vie serait bien meilleure!
Je suis reconnaissante de notre retour en région. Aujourd’hui, nous sommes propriétaires de notre maison, achetée l’année suivant notre retour aux sources. Nous avons deux beaux garçons en pleine forme et je travaille à la maison, avec des clientes d’un peu partout au Québec. Mon conjoint est représentant commercial et se promène partout en Abitibi, toute la semaine, mais est à la maison pour souper à pas mal tous les soirs.
Quand on vit en région, c’est un peu comme vivre dans une autre dimension : la vie semble au ralenti. Vivre dans un grand centre, je ne vivrais pas des matins aussi relaxes, aussi souvent : parce que oui, mes matins de semaines ressemblent tous à ça. Moins de 30 minutes s’écoulent entre le passage de l’autobus devant chez nous, l’arrêt à la garderie et le retour à la maison pour le début de ma journée de travail. Être restée à Québec, je n’aurais pas pu me lancer en affaires, sans filet de sécurité. Les circonstances de la vie ont aligné les pions et j’ai fait le grand saut.
OK, je dois parfois faire plusieurs kilomètres en voiture pour avoir ce que je veux, mais la majorité du temps je trouve tout ce dont j’ai besoin dans ma petite ville de moins de 4 000 habitants. Les commerçants nous connaissent par nos noms et connaissent nos enfants et même nos parents! Les propriétaires d’entreprises, les enseignants et le maire sont souvent nos voisins immédiats ou une connaissance de la famille. Par exemple, l’enseignante de mon fils a eu mon conjoint, son frère et mon frère dans sa classe depuis le début de sa carrière.
La vie en région, c’est l’alliée du temps : très peu de trafic pour ceux qui travaillent en entreprise, pas d’embouteillage ou de problème de stationnement. Les heures d’ouverture des commerces permettent aux employés de préserver la qualité de leur vie familiale. La nature comme cours arrière, c’est un vrai paradis pour les tripeux de VTT et de motoneige. Chez moi, les enfants peuvent jouer au hockey dans la rue, parce qu’il n’y a que très peu de circulation. Je les surveille par la fenêtre et je sais que s’il arrive quelque chose, je peux compter sur mes voisins pour venir m’avertir. L’entraide entre voisins existe toujours et le sentiment d’appartenance ne cesse de grandir.
Un voyage à Montréal ou à Québec devient une expérience mémorable pour les enfants. On sort de notre train-train quotidien et on se plonge dans une autre réalité. Tout est plus imposant : les routes, les arénas, les embouteillages. Pour être dépaysée, pas besoin d’aller dans le Sud ou de sortir du pays : on a juste à passer le parc de La Vérendrye! Je prêche pour ma paroisse, mais la vie en région c’est le paradis! On peut sortir la fille de l’Abitibi, mais on ne peut pas sortir l’Abitibi de la fille.
Est-ce que j’ai dit que c’était le paradis? Ma région, c’est paradis de la slowlife, des sports de plein air, du grand air et des mouches noires! 😛
Si vous hésitez à faire le grand saut et à vous établir dans en région, vous ne serez pas déçus. Les habitants sont accueillants et chaleureux. On a accès à toutes les commodités… Les calèches et les routes en terre, c’est juste un mythe, tsé. Dites-moi donc pourquoi vous hésitez, j’ai hâte de vous lire!
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