L’été dernier, j’ai pris la plus grosse décision de ma vie, celle de mettre fin à ma relation de couple. Cette décision a bien évidemment secoué ma famille entière: je suis maman de deux enfants et ils ont aussi subi la séparation de leurs parents. Ils ont maintenant deux maisons et deux routines de vie différentes. Ils ont du s’adapter, eux aussi.
C’est dans ce moment difficile de mon parcours que la vie en région m’a frappée de plein fouet! Moi qui est native de la ville, je suis atterrie dans ma propre télé réalité sans trop comprendre.
Décider de se séparer n’est déjà pas évident, mais quand on vit en région, c’est comme si la séparation devenait un spectacle public. Je me suis sentie comme une bête de cirque. J’ai eu l’impression que tout le monde dans le village était au courant de ce que je vivais. Avec tous les commentaires que j’ai reçu, j’ai compris que les gens ne comprenaient pas que je quitte mon “tout inclus” -la grosse maison, le char sport, le spa, la sécurité financière, etc – pour me retrouver seule avec l’essentiel. Sans compter que tout le monde savait plus que moi comment fonctionnait ma vie de couple… avoir su, hein! Ils parlaient dans mon dos, celui de l’autre aussi je présume, et ils croyaient les ragots que l’ami de l’autre du cousin lui à dit.
Je suis passée de héros à zéro. Heureusement, ça n’a duré que quelques semaines. Il y a une autre aventure, une autre séparation dans le même genre que moi et mon histoire est passé aux oubliettes!
Mais les oubliettes ce n’est pas si loin dans un village de moins de 4000 habitants. Le monde y est vraiment petit, on recroise toujours les mêmes personnes. Les gens n’osaient plus me parler ou me regarder! Il y avait un malaise semblable à la maladie: on ne savait pas quoi me dire, quel camp choisir. J’avais envie de crier: “Oui, j’ai choisi de me séparer, mais je n’ai pas changé!” Je suis restée la même, blessures en prime. J’ai perdu des gens que j’aimais vraiment, des personnes significatives et des amis.
La vie a fait son chemin, j’essaie depuis de me refaire une vie à moi, une vie de couple et une vie sociale. Mais je les cherche où mes amis? Ma famille n’est pas du tout de la région. Je demeure en Beauce depuis 12 ans et je me suis bâti une carrière et une vie sociale. Je veux y rester! En fait, je réalise que je dois refaire le même parcours que lors de mon arrivée dans la vie rurale! Je suis passé de la “conjointe de quelqu’un” à “moi”! Je suis moi! Par chance, il me reste quelques amis et comme je fais VRAIMENT pitié les gens m’invite! Haha! Tranquillement, je me refais une vie.
Oui, j’ai décidé de prendre le sentier non balisé. Oui, j’ai pleuré ma vie. Oui, je ne trouve pas ça facile. Je me sens comme une fleur au printemps: fragile, mais donc la floraison à venir sera majestueuse. Mais vous savez quoi? J’ai écouté mon cœur pour la première fois. Il m’a murmuré d’essayer, il m’a dit que le meilleur ne peut qu’être à venir. Je le crois.
Si l’on prenait le temps d’écouter les murmures de notre coeur, on serait peut-être plusieurs personnes dans mon chemin le moins fréquenté.