Depuis quelques temps, ma fille a pris l’habitude de me dire quand elle part chez son père qu’elle va s’ennuyer de moi et elle fait la même chose quand elle revient chez moi;  elle sert son père fort et lui dit « tu vas me manquer ». Une petite habitude qui me fait sourire parce qu’elle le dit sans angoisse, c’est un « je t’aime » déguisé.

Ce soir, en débarquant de l’auto après avoir été la chercher à la garderie, elle me dit tout bonnement : « Maman quand toi et papa serez mort, vous me manquerez beaucoup » une parole très légère pour elle, prononcée avec sa candeur d’enfant de presque 5 ans. Mais si vous saviez comme mon cœur a eu mal. PATAF! Un vrai coup de poing ! Je n’ai tout simplement pas été capable de répondre. Ma première réaction à été de la serrer fort dans mes bras pour ne pas éclater en sanglots.

Sans le vouloir, elle venait de mettre le doigt sur un sujet très sensible pour moi, une de mes pires peurs : la peur de la quitter trop tôt, trop jeune, qu’elle grandisse sans moi et que je ne sois pas là pour la voir grandir.
J’ai vu ce genre de drame de près l’an passé : Le fils d’un de mes amis a perdu sa maman, orphelin de mère à 3 ans…

Une ancienne collègue de travail a eu un diagnostique de cancer l’année dernière,  aujourd’hui même j’apprenais qu’elle était en soins palliatifs; 35 ans, mère d’un garçon de 5 ans et d’une fille de 13 ans.
Partout autour de moi, je vois ou j’entends parler de soldats qui tombent sur le champ de bataille de la vie : des mères, des pères victimes d’accidents, de maladie de toutes sortes, de cancers, ce satané cancer….laissant des enfants derrière eux.  À chaque fois ma peur revient me hanter. Et si ça m’arrivait ?
On met des enfants au monde, on veut les voir grandir, leur donner le meilleur pour qu’ils deviennent des adultes épanouis, faire parti de leur vie le plus longtemps possible. Mais comment on fait quand la vie ne nous donne pas la chance de mener notre mission à bien… quand on est obligé de passer le flambeau à l’autre parent alors que ce contrat on l’avait signé à deux… Comment on fait pour ne pas que le cœur nous éclate de chagrin en pensant à ce qu’on va manquer, à comment notre enfant va grandir sans ce morceau de lui-même…

Je n’ai pas trouvé de réponse, j’essaie de séquestrer ma peur au fin fond d’un tiroir pour ne pas qu’elle empoissonne mon présent. Par contre, la leçon que je retiens, c’est de profiter de chaque moment avec nos enfants, rire, s’amuser, faire les fous, chanter, danser, les serrer dans nos bras…. Profiter de la vie pour que SI un drame arrive, ils aient les meilleurs souvenirs possibles et qu’ils y puisent la force pour devenir les adultes épanouis et confiants qu’on souhaite tant.

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