Plusieurs adolescents de ma génération ont rêvé d’un « trip au BC ». On voulait quitter notre tout petit patelin pour voir le monde. Je crois qu’inconsciemment, aller dans l’Ouest, ça voulait dire bien des choses…

— Faire la rupture d’avec une adolescence facile et confortable?

— Se prouver notre indépendance et comprendre ce que l’on vaut?

— Se perdre pour trouver notre voie (voix)?

 — Quitter pour mieux revenir?

Pour certains, ce type de voyage se compte en année, d’autres en mois, d’autres en jour. Pour ma part, on parle de quelques jours qui ont reconnecté des canaux entre le cerveau et le cœur. L’avez-vous déjà senti, cette dichotomie entre vos sentiments et votre vie? Vous êtes-vous déjà attardé au malaise quand notre idéal est trop loin de notre style de vie?

À l’ère des « J’aime » sur Facebook, il est difficile de ne pas se créer un avatar qui exprime le besoin que l’on a tous d’être accepté des autres à tout prix. Avez-vous vu ma BELLE maison? Mes BEAUX enfants? Mes BEAUX voyages?

Mais dis-moi, avec toute cette magnificence, pourquoi tu ressens le Vide?

Alors, on essaie de le remplir ce Vide, mais c’est rarement sain ce que l’on réussit à mettre dans le tas! Après, en plus d’être vide, on est mêlée.

Moi, j’ai la chance d’avoir un Ami. Quelqu’un de différent, quelqu’un qui réussit à mettre des mots sur mes maux en demeurant tout à fait muet. Lui et moi, on est tombé en Amitié bien jeune et je ne crois pas que la distance et la rareté de nos contacts ne vont réussir à tuer cette relation-là, parce qu’elle est cosmique on dirait.

C’est l’Ami qui est venu me chercher à l’aéroport de Vancouver. Quand il m’a vue, il a compris que ce n’est pas mon sac à dos qui faisait courber mon dos. C’était la division dans ma tête. On a fait la route de Vancouver à Calgary. La beauté sur ces routes-là te donne l’impression que tu es petit, vraiment. En plus, on dirait que tu n’as jamais rien vu de ta vie avant. C’est comme dans les films de snowboard à Whistler que je regardais à 16 ans, mais en vrai. Rendu à Calgary, tout en écoutant du « Mononc Serge » en silence dans l’auto, il m’a laissé reprendre l’avion, retourner dans ma région, pour que je m’écrive un nouveau chapitre.

Des kilomètres à discuter, à contempler, je découvrais le paysage et doucement, un peu plus, qui j’étais. J’ai aussi accepter que j’ai un besoin de sécurité bien présent et que je ne voyagerai jamais seule. La beauté des voyages pour moi, c’est aussi de me sentir attendue par une personne chère à mon cœur. Que ce soit seulement à Trois-rivières, en Gaspésie (je vous raconterai la Gaspésie une autre fois!) ou à l’autre bout du Canada, le bonheur n’est réel que s’il est partagé.

Alors en ce temps des fêtes qui approche, profitez des kilomètres qui vous séparent des gens que vous aimez pour apprécier le fait qu’ils vous attendent avec impatience et enthousiasme.