Quand je suis arrivée en Gaspésie, c’était sur un coup de tête… ou plutôt un coup de coeur : un road trip sans retour. Aujourd’hui, je suis partie… bien que, pas tout-à-fait encore. De mes maintenant supposées six semaines de citoyenne Beloeilloise, j’en ai passé trois en Gaspésie, une demie à Montmagny, une demie à Sherbrooke et mes week-ends “en ville” – sauf celui de l’Halloween, bien sûr! – se sont déroulés dans les Laurentides et en Estrie. Dois-je vous préciser que je n’assume pas encore mon nouveau statut de “fille de ville”? Pourtant, j’habite maintenant dans la partie du vieux Beloeil qu’on appelle “le village” – pas celui de Montréal là, celui sur le bord de la rivière Richelieu. C’est beau! Le terrain est grand, boisé et le jardin nous fournira de superbes légumes l’été prochain!! De quoi adoucir, je l’avoue, la transition depuis ma p’tite maison sur le Cap, en Gaspésie, avec vue sur mer et montagnes.

Dois-je vous préciser que je n’assume pas encore mon nouveau statut de “fille de ville”?

Quoiqu’il en soit, au contraire de mon arrivée, mon départ a été longuement prémédité : décision prise en janvier, départ prévu en octobre. La raison, parmi d’autres : l’envie d’un bain de famille et d’amis de longue date, le souhait de goûter au quotidien de ces gens si importants. Plus question de n’avoir que des bribes de leurs vies lors de nos trois ou quatre rencontres annuelles! Non, je pourrais enfin décider d’aller prendre un café la journée même où je souhaiterais voir se concrétiser le projet! Le spleen du nouvel arrivant après quelques années (généralement entre la deuxième et la quatrième) passées en terre d’accueil. Sauf que le mien, mon spleen, il était passé au moment de partir! Youps!

Neuf mois. Neuf mois j’ai eus à repousser l’idée, pourtant concrète, du départ. Neuf mois lors desquels je savais pertinemment que je faisais du déni. Neuf mois où les amis de la Gaspésie te demandent quand est-ce que tu partiras ou parlent du vide que ça créera “quand vous ne serez plus là”. Neuf mois où les amis et la famille “de la ville” te disent qu’ils ont donc hâte à “quand vous serez là”. Et toi, dans tout ça, tu te dis franchement que tu aimerais :

  1. être partout à la fois;
  2. avoir les amis de longue date et la famille en Gaspésie avec toi;
  3. avoir les amis de la Gaspésie et la mer près de ton nouveau chez-toi beloeillois;
  4. finalement que le Rapidotron de Robin et Stella soit une invention réelle et accessible ou que la poudre d’Harry Potter puisse te transporter de ton poêle à bois gaspésien à la prise de chauffage électrique de ta chum à Montréal, et ce, en deux temps trois mouvements!

Au bout de ces neuf mois : le départ… ou l’arrivée?! Il vient un temps où on ne sait plus trop quelle est la perspective! Suis-je contente de mon nouveau statut? Oui! Suis-je contente d’être partie de la Gaspésie? Non! Aïe, aïe… le don de se placer en situation d’ambivalence! Ce qui est bien, toutefois, c’est que les deux situations apportent leur lot de bonheur, mais aussi leurs déchirements. C’est bon de vivre des émotions, non?! Et puis, de toute façon, pour le moment, je peux continuer à faire du déni sur whatever quelle situation puisque je sais que dans un an ou deux, je retrouverai la péninsule à plein temps!