Je fais mon coming-out ! Tout le monde y a droit ça l’air, pas juste les artistes du show business. Et tout blogue qui se respecte doit faire des révélations chocs, right? Alors c’est avec une grande fierté que, depuis mon rang, je dis la vérité en ce début d’année !

J’ai fait un épuisement. Pas professionnellement, dans le type de “je prends 2 mois de congé au boulot parce que la pression est trop grande et ça va aller après”. Non, un épuisement de toute. Un burnout de la vie en général.

Ça a probablement commencé avec le dernier boulot de salariée que j’ai occupé, j’étais déjà fatiguée d’un printemps trop chargé. Ensuite, il y a eu la décision de travailler à mon compte, pour justement contrer cette lassitude du travail et moduler un peu mieux mes horaires. C’est ensuivi la grossesse, dans laquelle je ne me suis jamais vraiment reposée parce que, ben, je travaillais à mon compte ! Par la suite, le congé de maternité que je n’ai jamais vraiment pris, parce que je croyais que si j’arrêtais de travailler complètement, j’allais perdre tous mes clients et devoir tout recommencer. Et je ne pouvais pas tout recommencer, j’ai des obligations financières, des projets, des rénovations, une réputation d’invincible à protéger, you know.

Et mon trop mignon nouveau bébé parfait, lui, a décidé au même moment que les obligations et la réputation de sa maman, ben ça ne changerait rien dans sa vie. Il avait bien raison en plus. Donc, pas de nuits complètes avant son premier anniversaire. AUCUNE. PAS D’EXCEPTION. Aucune pour maman aussi, qui s’est levée 2 ou 3 fois par nuit pendant tout un calendrier annuel.

Et puis, la vie continue : l’école, le boulot, les contrats, les vidéos, les sorties, les amis. Tout autour de moi se fout éperdument du manque de sommeil ou le banalise. “Tu vas finir par prendre le dessus” ou “Toutes les mères passent pas là, pis elles s’en sortent!” ou encore “On dit toutes ça, on pense toutes qu’on y arrivera pas, mais on reprend vite le dessus en fin de compte!” ou “C’est une phase, ça va passer”.

Et bien non, ça l’air que ça n’a pas passé pour moi, ça s’est accumulé plutôt. Petit à petit, la fatigue s’est installée pour y rester. Pas une fatigue de lendemain de veille qui me fait rire pour rien. Non. Une fatigue envahissante, voire paralysante, qui m’empêchait tout simplement d’être moi-même.

Une fatigue physique et morale. Une tempête dans l’esprit et dans le corps qui fait de moi quelqu’un que je connais pas. Une fatigue qui me plonge le soir dans les abîmes de la rancœur et de la dépression et qui me cause des maux de dos, de cou, de bras, de tête et de cœur. De cheveux aussi.

Cependant, ce n’était pas dramatique tous les jours. Mais quand ça n’allait plus, ça n’allait vraiment plus. Parfois, l’après-midi, j’avais de la difficulté à entretenir un dialogue pendant plus de 2 minutes. Il m’arrivait de perdre le sujet de la conversation, pendant que c’est moi qui parlais. J’oubliais pleins trucs importants comme des invitations, des photocopies de réunions, le nom de la personne avec qui je parlais au téléphone il y a 2 minutes ou le nom de famille de mes amies. Et je n’avais rien d’autres à offrir comme plates excuses que : “J’ai oublié, désolée…”.

J’ai paniqué un moment donné en réalisant que les mots ne me venaient plus naturellement dans ma tête, ils se mélangeaient. Je ne faisais pas un drôle de lapsus 1 fois par semaine; j’en faisais jusqu’à 5 quotidiennement, et ce, depuis au moins 10 mois.

Et le plus dur, c’est que de bien m’exprimer avec les bons mots, ça toujours été ma force ou mon petit quelque chose de différent des autres. J’avais perdu mon talent naturel, ce que je savais faire de mieux. Je ne me sentais plus moi-même, je sentais que le meilleur de moi n’était plus en moi.

Je ne pensais même pas que la fatigue pouvait créer tant de confusion dans mon esprit. Au départ, je me disais: “À mon Dieu, je fais de l’Alzheimer précoce comme Isabelle dans La Galère!!!” Mais non, après avoir consulté mon médecin, c’est (juste) neuropsychologique.

Mais malgré toutes ces confidences sur le désarroi que je pouvais vivre et que je vous partage, ça ne paraissait pas trop, de l’extérieur, que j’étais fatiguée. 😉

J’ai appris que l’épuisement a plusieurs visages et le mien a toujours continué de sourire. J’avais une tonne de mécanismes de camouflages : je ne prévoyais aucune réunion en après-midi: ce temps était (et est toujours) réservé au travail à l’ordinateur (parce que lui, il ne juge pas mes erreurs, il les corrige même automatiquement!!!). J’optimisais mon temps productif le matin, où j’étais le plus en forme, en m’évitant des déplacements inutiles et en mettant les bouchées doubles. J’éliminais le multitâche et je prenais des notes souvent. Sinon, quand je faisais des lapsus devant public, je tournais ça en blague. J’arrivais encore à livrer la marchandise, vous savez, mais je le faisais différemment. Et je souriais, je restais positive le plus possible et surtout, je choisissais où je mettais l’énergie qui me restait.

Aujourd’hui encore, je ne suis pas comme avant. Je ne le serai plus jamais je crois. J’ai parfois tendance à trouver ça triste, mais je me ressaisis. Je ne suis pas moins qu’avant, je suis plus. Plus outillée, plus sereine, plus apte à prendre de bonnes décisions, plus posée, plus douce envers moi, plus critique devant les supposées urgences et soucis de performance. Cet épuisement m’a faite grandir en bout de ligne. Étrange à dire, mais c’est une expérience qui s’est avérée positive.

D’autres mamans fatiguées dans la salle?

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