En septembre dernier pour la rentrée scolaire, au lieu de quitter la campagne pour la ville de Québec comme à l’habitude, j’ai décidé de quitter le pays. Je suis actuellement en Belgique pour une année d’étude. Avant mon départ, j’ai été obligée de suivre une formation sur le choc culturel que j’allais supposément vivre à l’international. Lors de cette formation, je me suis dit que ce n’était vraiment pas nécessaire. Après tout, je quittais un endroit francophone pour un autre, une société occidentale pour une autre, une vie universitaire pour une autre…

Et pourtant…

Mon accent beauceron ne semble vraiment pas plaire à tout le monde. Moi qui ne voulais pas faire mon année d’étude dans un pays anglophone, car j’avais peur de ne pas avoir le niveau de langue adéquat, me voilà à devoir penser l’ensemble des mots que je prononce si je veux me faire comprendre des Belges.

Je n’ai aucun problème à comprendre les Européens francophones autour de moi, mais eux semblent s’imaginer que je viens d’une autre planète. J’ai alors pris l’habitude, depuis quelques jours, de dire aux gens que je parle québécois, quand on me demande ma langue maternelle.

Nous ne sommes plus de nationalité française depuis la signature du Traité de Paris de 1763. Donc, il ne faut quand même pas croire que notre langue n’a pas pris un peu de couleur locale depuis plus de 250 ans. Il existe, au sein même du Québec, des expressions et des accents qui ne se trouvent qu’à certains endroits. Par exemple, cet été, j’ai été enchantée d’entendre l’accent des Cayens de la Côte-Nord. Les gens de Havre-Saint-Pierre ne prononcent pas les « r », car selon la rumeur, ils ont banni de leur vocabulaire les mots « roi » et « reine » en réaction à la déportation qu’ils ont subie. Je n’ai pas demandé aux Cayens que j’ai rencontrés de parler le « vrai » français. Oui, j’avoue avoir eu un petit sourire quant à certaines expressions inspirées de la mer. Cependant, je n’ai pas trouvé cela exotique ou désagréable. La langue est centrale dans une culture et mérite le respect.

J’en profite alors aujourd’hui pour m’excuser à une amie. Lorsque j’étais à l’école primaire, une jeune immigrante est venue vivre dans mon village. J’ai beaucoup ri de son accent au début. Aujourd’hui, je me rends compte que c’était complètement déplacé. Bien sûr, j’ai l’excuse qu’à l’époque je n’étais qu’une enfant, mais quand même…