La rentrée scolaire arrive à grands pas. Les promotions envahissent les circulaires et les parents semblent encore plus stressés dans les allées de la pharmacie qu’à l’habitude. À la longueur de la liste de matériels scolaires obligatoires, c’est assez pour faire une crise de panique devant le choix de couleurs du troisième surligneur du petit dernier.

La rentrée scolaire est aussi un moment stressant pour plusieurs jeunes ruraux qui doivent quitter le nid familial ainsi que leur région pour la ville. Tous n’ont pas la chance de trouver un établissement postsecondaire à deux rues ou à deux stations de métro de chez leurs parents. Je suis dans cette situation. À chaque rentrée scolaire, je fais mes bagages pour la grande ville.

Moi qui aime tant les régions, j’aurais très bien pu choisir une université à l’extérieur d’une grande ville. Le réseau des Universités du Québec offre une bonne distribution de l’enseignement universitaire sur le territoire de la province. J’ai longtemps considéré l’Université du Québec à Rimouski qui offre un baccalauréat en développement social. Cependant, puisque les universités vivent avec un financement en grande partie calculé selon le nombre d’étudiants qu’ils reçoivent dans leur établissement, plus l’université est petite, plus l’offre de cours est restreinte. Les étudiants d’un programme doivent alors être en mesure de défrayer (en frais de scolarité et en financements gouvernementaux) le coût du professeur devant eux ainsi que l’ensemble des dépenses engendrées par leur présence. Par exemple, une université ne permettra normalement pas la tenue d’un cours sous un nombre minimal d’étudiants inscrits à celui-ci ou même la survie d’un programme si ce dernier lui cause un déficit en fin d’année. Voulant étudier en sociologie, mon choix s’est finalement porté vers l’Université Laval afin d’avoir une possibilité de cours des plus diversifiés et, avec du recul, j’ai de la misère à me sentir coupable de ce choix.

Je suis la première à applaudir à la survie des cégeps et des universités en régions pour l’accessibilité que ceux-ci offrent, pour leurs spécificités régionales, pour leur impact sur le milieu, etc. Cependant, j’ai préféré réaliser mon parcours postsecondaire en ville parce que tant que nos cégeps et nos universités seront sous-financés et en concurrence afin d’attirer le plus de clientèles, j’ai beau croire en l’importance de l’enseignement en région, je ne suis pas prête à sacrifier mon parcours scolaire pour cette idée. Je ne suis pas prête à faire des compromis dans mon choix de programme ou même dans mes choix de cours afin d’aller augmenter les effectifs d’un établissement en région. Le problème, c’est que je ne suis sûrement pas la seule à avoir cette idée. Conséquemment, plusieurs jeunes dans ma situation ne quitteraient pas la région chaque année scolaire pour la ville, si nos cégeps et nos universités québécoises travaillaient main dans la main à une offre de cours complémentaires plutôt que concurrentielles à la grandeur du Québec.

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