Par Karine Bisson

Quand la rurale quitte son patelin pour étudier en ville, elle observe, inévitablement. Et elle compare … compulsivement. Les gens, le parlé, les habitudes de vie. Elle ne juge pas, elle analyse.

Analyse du jour: l’arrivée du temps froid. À la ville et en région, c’est un phénomène qui semble se vivre différemment. C’est mon 3e automne hors région et je n’ai pas encore vraiment compris.

En ville, la sortie du kit tuque-foulard-mitaines se prépare. On le magasine et on prépare la parade. Comme si l’été tardait à vouloir céder sa place alors que la population est bien prête à faire la transition de saison. C’est le 10 octobre, les arbres sont couleur feu ; on sort ledit kit.

Dans mon coin, la sortie du kit se fait toujours un peu brusquement. Évidemment, on sent venir l’événement, mais on tarde (ou on refuse !) à s’y préparer. Et puis, un bon matin, on est faussement pris par surprise. C’est le 19 octobre, il y a un filet de neige au sol ; on sort kit.

Stop ! Je vous vois venir. « Vous êtes habitués, vous vivez dans le froid à l’année ! »

Euh non ! En réalité, on sait pertinemment qu’on va connaitre plus froid. En sortant l’artillerie lourde trop tôt, on ne saura plus comment s’habiller en janvier.

C’est un peu comme quand ma grand-mère disait Ferme la porte, on ne chauffe pas le dehors !

Ce qu’il y a de bien dans cette incompréhension, c’est que les ruraux arrivent à se reconnaitre en ville par cette distinction. Mi-novembre, 10 degrés. Tu es sorti avec ton coupe-vent, « avec pas de tuque » en plus. On se salue !

On croise une jeune urbaine qui arbore fièrement son collet de fourrure et son manteau Canada Goose. On se sourit. Je sais à quoi tu penses.

« Elle va geler cet hiver ! »