À mon retour en région, en 2009, j’ai décidé de me présenter comme échevin aux élections municipales.

Oui, en région, on dit encore « échevin ». On est old school pas mal.

On me répétait sans cesse que nos villes et nos villages avaient besoin de sang neuf, de jeunes diplômés, armés de leurs connaissances, certes, mais surtout de leur dynamisme et de leur vision 2.0 du monde. Même le maire sortant avait souhaité me rencontrer pour connaître mes intentions. Je crois que parmi les conseillers déjà en poste, le plus jeune était dans la cinquantaine ou tout près.

J’avais 23 ans. Une petite cure de rajeunissement n’allait sûrement faire de mal à personne!

Ça fait que j’me suis présenté. Et j’ai été élu. Par acclamation.

Ça, « par acclamation », c’est l’expression noble pour dire « par défaut ». Aucune opposition. Pas de campagne électorale, pas de pancarte sur les poteaux de téléphone, pas de porte-à-porte. Et vive la démocratie!

Mon premier mandat en a été un d’apprentissage. Pour le néophyte, la politique municipale semble se résumer à : gérer la collecte des vidanges, essayer de limiter le nombre de chiens errants et décider quels nids-de-poule seront patchés en premier. En réalité, ça peut avoir l’air petit et banal, mais le trottoir que vous empruntez tous les jours, l’aréna où vos enfants jouent au hockey, la piste cyclable, la protection incendie, l’eau que vous buvez et même les maringouins qui vous silent les oreilles quatre mois par année sont tous sous la juridiction de vos élus municipaux.

La morale de l’histoire? On peut-tu s’intéresser davantage à la politique municipale, s’il-vous-plaît?

Je sais bien que ça n’a rien de super excitant. Je ne me bats pas pour le retour d’une équipe de la LNH dans ma ville. Le plus gros pot-de-vin que le Conseil ait reçu, c’est une canisse de sirop d’érable. On ne m’a jamais offert d’enveloppe brune et la mafia senneterrienne n’a jamais menacé de me couler les pieds dans le béton et de me balancer dans la rivière Bell.

Mais, joual vert, on passe régulièrement des résolutions pour des dépenses dans les cinq, voire six chiffres, et la moyenne de citoyens présents à ces assemblées se situe aux environs de… deux.

Et vous pouvez couper ce nombre de moitié si le Canadien joue ce soir-là.

Je vous laisse donc réfléchir sur cette citation du grand Michel Chartrand, en vous rappelant que, le cynisme en politique, ça fonctionne dans les deux sens :

« Si vous ne vous occupez pas de la politique, la politique va s’occuper de vous autres. »