Par Karine Bisson
L’adage qui dit « On peut sortir la fille de l’Abitibi, mais pas l’Abitibi de la fille », est conçu pour me représenter. C’est certain. Mes racines me gardent accrochée à mon coin de pays.
Je m’apprête à vivre mon dernier mois en Estrie avant de retourner m’y établir. Plus que jamais, j’ai l’impression que mes racines sont étirées à leur maximum, prêtes à me ramener d’un seul trait sur ma terre.
À 800 km de mon beau petit chez nous, mon cœur est toujours en Abitibi. À en croire ma difficulté de concentration et ma capacité étonnante à passer beaucoup de temps dans la lune, je dirais que j’ai aussi laissé ma tête là-bas…
Le sentiment d’attachement profond pour sa terre et le désir d’y être actif, c’est ça l’enracinement. Un terme qui a plusieurs significations, mais qui, à mon sens, convergent toutes vers l’expression de mes racines.
1. Enracinement signifie faire prendre racine. Fixer profondément dans l’esprit, dans le cœur.
Voilà qui résume mon introduction. Et puis, faire prendre racine réfère nécessairement aux arbres forts et puissants de chez nous.
2. L’enracinement est une méthode de gestion de stress, qui consiste à se centrer sur soi pour vivre l’instant présent et focaliser sur la circulation de l’énergie dans le corps.
Étrangement, c’est exactement ce que je ressens lorsque, entourée de nature et d’air frais, je fixe mes pieds au sol et j’ouvre bien grand les bras. J’apprécie la beauté et la simplicité de la nature pour vivre le moment présent.
3. Finalement, même s’il peut être difficile à définir, l’enracinement est aussi un besoin important de l’humain. On le traduit par le sentiment d’être associé à un milieu, souvent le lieu de notre naissance ou de notre enfance, mais aussi celui où l’on s’épanouit, où l’on s’investit.
Concrètement, dans la pyramide de Maslow, l’enracinement réfère au besoin d’appartenance. C’est le centre de la pyramide de cette théorie de la motivation.
C’est ce qui fait que je parle de « chez nous », de « ma terre » ou de « ma région » … même si je n’y suis plus vraiment depuis 2010.
Mes racines, elles sont de naissance. Du plus loin que je me souvienne, je me suis toujours sentie attachée à mon milieu.
C’est à adolescence cependant que je me suis solidement enracinée. J’avais trouvé la petite place qui m’était accordée à 14 ans, en donnant du temps pour mon club de gymnastique. Moi aussi, je pouvais aider. J’étais fière !
Puis à travers chacune de mes implications bénévoles, je me suis enracinée un peu plus. Je me suis mise à multiplier les implications. Pour me sentir plus enracinée. Et ainsi de suite.
S’il y a un endroit où on a l’occasion de prendre chacun cette petite place et de faire sa part, c’est justement dans nos régions. Une belle chance à saisir.
Être impliqué et actif dans son milieu, c’est le meilleur moyen d’arroser ses racines.
Super intéressant comme texte! C’est le genre de réflexion qui m’a poussé à centrer une partie de mes recherches universitaires sur le sentiment d’appartenance et l’appartenance territoriale. Je voulais comprendre pourquoi, même après 5, 10 ou même 30 ans, des gens sentent toujours qu’ils appartiennent à un territoire où ils n’habitent plus.
Alors je suis contente de voir que je ne suis pas la seule pour qui l’enracinement est si important. Et bon retour en Abitibi!
J’y vois aussi une réflexion sur l’identité. Savoir où on se sent soi et chez-soi, c’est aussi apprendre qui on est. Bref, un sujet de méditation et un fabuleux thème en socio pour la recherche universitaire! J’veux lire!!!
C’est effectivement très intéressant comme sujet. J’aurais envie de lire ces recherches, Joanie. Est-ce que c’est publié publiquement ou disponible sur internet ? Tu prends racines de quel coin ?
Tu as raison, Cassiopée, en ce qui concerne l’identité … Tes propos aussi me font réfléchir !
Bonjour Karine et Cassiopée,
Pour l’instant, rien n’est publié publiquement, j’y travaille toujours activement. Toutefois, je pourrais vous envoyer la version finale de ce travail. L’essentiel de mes recherches se concentre sur le rôle des instances gouvernementales dans la migration des jeunes gaspésiens. Pour certains cours, cependant, j’ai réalisé des travaux plus courts (une quinzaine de pages) sur des sujets connexes, dont l’appartenance territoriale des néoruraux (je suis en train de le finaliser et je crois même être en mesure de citer ce blogue!)
Mes racines sont assez longues, elles s’étendent un peu partout dans l’Est-du-Québec, mais elles sont majoritairement à Rimouski depuis un certain temps.
Vous pouvez m’envoyer un courriel à [email protected] et je vous enverrai une copie du travail une fois la version finale complétée, si cela vous convient!
C’est vrai Karine que la meilleure façon de s’enraciner quelque part, c’est de s’impliquer bénévolement dans notre région . Je suis toujours convaincue que d’habiter en région nous permet de développer des talents inconnus, de prendre des initiatives, de relever des défis emballants. Développer notre système D, compter sur soi et les autres pour réaliser ses projets constituent des prérequis à l’organisation d’une vie pleine et intéressante.
Vous avez bien raison, Gilberte. La polyvalence et les initiatives personnelles sont tellement bien accueillies, en plus ! Et pour ce qui est des défis, il n’y a souvent pas d’autres barrières que la limite de notre motivation et de nos ambitions !