Par Stéphanie Lavergne

« Ça prend tout un village pour élever un enfant. »

Ce proverbe sénégalais fait beaucoup de sens pour moi…

En région, dans une petite ville comme la mienne, ce qui arrive à l’un, l’autre l’apprend, le répète et le distorsionne parfois! La proximité s’infiltre souvent dans l’intimité, car le réseau est branché directement sur le quotidien. L’anonymat n’existe pas dans les villages et les « étranges » sont rapidement repérés!

Toutefois, connaître le maire, le directeur d’école et le facteur comporte aussi des avantages pour élever un enfant. Et ici, je ne parle pas de pot-de-vin pour un nouveau parc ou un beau bulletin de fin d’année! Je parle de construction identitaire chez nos enfants.

Être reconnu, ressentir l’attachement et voir ce qu’est la coopération, confirment les bases de notre identité à l’enfance. Notre espace relationnel se transforme avec le temps. Il passe de la mère à la famille, de la famille au quartier, du quartier à la communauté… Avec le temps, nous découvrons de nouveaux modèles. Même si vos parents ont fait une bonne job, Michel et Nicole vous serviront de modèle d’amour et d’ouverture, Roger sera votre modèle d’intelligence et de droiture et Marie un modèle de force et de résilience…

La proximité s’étend donc au fur et à mesure de l’autonomie de nos enfants. Et cette autonomie est plus rassurante pour maman-poule quand le troisième voisin connaît le nom de mon enfant et le voit traverser la rue chaque matin pour aller à l’école! Ce chemin vers l’école est tellement riche en découvertes et en aventures de toutes sortes… De mon côté, j’ai le souvenir de me fier sur la fin « des Pierrafeu » pour partir à l’école primaire, à quinze minutes à pied de ma maison. Sur mon chemin, je rejoignais trois amis qui m’attendaient sur leur perron. Ils étaient parfois en retard et j’avais alors le privilège d’entrer dans leur maison et d’assister à une autre vie de famille, complètement différente de la mienne! Malheureusement, à beaucoup d’endroits, les drames fréquents aux Nouvelles de 18 h nous portent vers une « phobie sécuritaire » et les trajets à pied sont remplacés par les véhicules parentaux. Toutefois, de par ma fenêtre de salon, j’espère continuer de voir passer Jérémy et Alex tous les matins et tous les soirs, jusqu’à la fin de leurs études!

Pouvoir donner de la liberté à nos enfants, en les laissant jouer dehors jusqu’à 19 h sans leur placer un GPS dans les bobettes, fait d’eux des enfants qui feront confiance aux bonnes personnes et qui seront autonomes. J’ose espérer qu’ils auront moins peur de l’engagement et qu’ils pourront se rapprocher réellement des gens. Je vais plus loin en faisant le souhait qu’un enfant d’une famille dysfonctionnelle aura de nouveaux repères en allant chercher son ami sur le chemin de l’école et en découvrant une famille aimante, qui lui servira de modèle.

La liberté et l’engagement vers les autres… Ce n’est pas cela qui donne un sens à nos vies?

P.-S. C’était la journée nationale de l’enfant mercredi dernier. Le saviez-vous?

Crédit photo: Créations Fée Orange